Jésus purifie le Temple
3e dimanche de Carême B —7 mars 2021– Jean 2, 13-25.

Extraits de l’homélie publié par le P. Charles Delhez.

… Toute religion a tendance à se scléroser, à se muer en système, à être prise en otage par ses propres élites. Celle du peuple juif n’y échappe pas, la nôtre non plus. Jésus ne supprime pas la religion pour autant, il la purifie. Réformer l’Église, comme aurait dit Luther ou comme y travaille le pape François, se situe donc dans la droite ligne du prophète Jésus. Les prophètes ne sont d’ailleurs jamais tendres avec la religion. Ainsi Jérémie : « Ne faites pas confiance à des paroles de mensonge en disant : Temple du Seigneur ! Est-elle à vos yeux une caverne de bandits, cette Maison sur laquelle mon nom est invoqué ? » (Jr 7, 4.11).

Une Église à réformer
Dans nos pays occidentaux de postchrétienté, l’Église catholique semble ne plus être en phase avec la culture postmoderne. Ailleurs également, des signes d’essoufflement apparaissent. De nombreux scandales éclaboussent l’institution de la base au sommet. Des débats récurrents –célibat des prêtres, ordination des femmes...–divisent les catholiques. Nous traversons une crise profonde, la plus forte depuis 400 ans, a-t-on dit. …

La conversion de nos communautés
Alors que Jésus avait suscité une fraternité où la seule hiérarchie était vue en termes de service, très vite s’est mis en place un « dualisme hiérarchique ». Ce modèle a engendré une scission dans le corps ecclésial, a pu dire le pape François qui a fait de la lutte contre le cléricalisme un de ses chevaux de bataille.
Mais il ne faudrait pas croire que la réforme de l’Église doive se passer uniquement au Vatican, voire à Malines ou à Wavre. Le pape, dès le début de son pontificat, a voulu inviter chacun à être audacieux et créatif là où il est, à repenser les objectifs, les structures, le style et les méthodes évangélisatrices de sa propre communauté.

L’avenir est à ces nombreuses petites communautés de chrétiens engagés dans la société, communautés de couples et de familles qui se réunissent régulièrement et pour qui l’Évangile est une référence, le geste de la fraction du pain, un rite signifiant….
Une encyclopédie récente, « Après Jésus. L’invention du christianisme », nous apprend que durant les premiers siècles, les célébrations chrétiennes étaient toujours vécues en très petits groupes. Mais comment créer du lien entre ces cellules pour que l’Église ne devienne une secte d’élus ou que, comme certains fleuves, elles ne se perde dans les sables d’un delta ? Il faudra, dans nos pays, revoir son organisation et s’interroger à propos des « ministères ». Les frontières entre prêtres et laïcs seront sans doute appelées à être déplacées. Il faudra « faire preuve d’imagination et inventer des formes inédites de ministère, de service de communautés » (René Rémond). Les premiers siècles furent audacieux, les nôtres doivent l’être également.